Je n’ai jamais oublié car c’était si frappant, ce que l’aînée m’a dit ce soir-là.

Je dois dire que j’ai toujours fait attention à ce que me disaient les (mes) enfants. Ça m’a toujours fait beaucoup plaisir et ce jusqu’à ce jour ! J’adore la pure sagesse enfantine de leurs propos.

 

Je les ai mises au lit et pendant que je bordais l’aînée, je lui ai dit: 'Dors bien, ma fille, je mets tes peluches et ta poupée ici, elles veillent sur toi cette nuit.'

Elle m’a regardé et m’a dit: 'Ah maman, ne t’en fais pas, tout à l’heure je ne serai plus là!' 

Je trouvais sa réponse assez marrante et je lui ai demandé: 'Ma puce, qu’est-ce qui te fait dire que tu ne seras plus là tout à l’heure?'

Elle m’a répondu: 'Eh bien maman, quand je m’endors, ce n’est pas vraiment dormir, c’est me réveiller ailleurs et alors, très rapidement, c’est la séparation.'

'La séparation?', j’ai réagi et je l’ai regardée d’un air interrogateur comme pour lui demander ce qu’elle voulait dire exactement.

'Oui, maman, à ce moment-là je me sépare, tout simplement: une partie de moi reste ici et l’autre s’en va vers des gens qui ont besoin d’aide!'

J’ai dit que je ne comprenais toujours pas complètement et j’ai demandé qu’elle m’explique.

Elle m’a répondu de façon très sereine et pas du tout comme une enfant de son âge: 'Je t’explique, maman : il faut comprendre comme une espèce d’ange mais un peu différent, je pars juste pour un moment. Je dois aider là où les gens ont besoin d’aide.'

Comme si c’était la chose la plus normale du monde, elle m’a dit à sa façon: 'Ne te fais pas de souci maman, quand tu te réveilleras demain matin, je serai là comme d’habitude.'

 

Il va sans dire que j’ai compris très rapidement que j’avais également beaucoup à apprendre des (de mes) enfants et qu’il fallait bien écouter ce qu’ils avaient à me dire.

Autant que je me souvienne, j’ai très bien dormi, cette nuit-là. 

En repensant maintenant à ce qu’elle a dit, j’ai dû m’endormir le sourire aux lèvres et pleine de confiance.

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